Avilion, de Robert Holdstock

Fils de Steven Huxley et de Guiwenneth, la mythago, Jack entreprend de retrouver le lieu où son père a grandi, Oak Lodge. Il quitte donc le forêt de Ryhope pour gagner l'autre monde, celui de l'Angleterre moderne. Il y rencontre une jeune femme qui lui vient en aide, un étrange révérend qui se révélera être lui-même un mythago. Il fera aussi la connaissance de George Huxley, son grand-père. A moins qu'il ne s'agisse en fait du propre mythago de celui-ci. Là-bas, Jack se rend surtout compte que la forêt le retient, l'obligeant à faire demi-tour...

Robert Holdstock a entreprit dès 1984 la rédaction de ce qui allait sûrement être son cycle le plus fameux, celui de La Forêt des Mythagos. Jusqu'en 1991, il en écrira cinq romans. Je vous avais d'ailleurs proposé la chronique du tout premier roman de la série, La Forêt des Mythagos. Malheureusement pour nous, ce grand écrivain de SF et de Fantasy est décédé le 29 novembre 2009. Mais avant de nous quitter, Robert Holdstock est revenu visiter la forêt de Ryhope, voir ce qui était advenu aux personnages qu'il avait créés, Steven et Guiwenneth en tête. Avilion est ce roman, ce sera le tout dernier de cet immense romancier.

Publié dans la prestigieuse collection de Denoël, Lunes d'encre, Avilion sort le 15 mai 2012 dans toutes les bonnes librairies. J'ai eu la chance et le privilège de le lire en avant-première (encore une fois, merci Gilles). Les événements narrés dans cet opus se situant juste après ceux du premier roman cité plus haut, il n'est pas nécessaire d'avoir lu tout le cycle pour se plonger dans celui-ci. En revanche, il est plus que recommandé de lire le premier, quand même.

Entrer dans l'univers de La Forêt des Mythagos, c'est comme entrer dans un labyrinthe. Un dédale où chaque page que l'on tourne peut nous faire voyager dans un lieu qui n'existe nulle part ailleurs dans la Fantasy telle qu'on nous en propose habituellement. C'est un voyage extraordinaire où l'on croise des figures mythiques (évidemment, puisque c'est le thème principal du cycle) telles que le roi Arthur, ou même Ulysse, le héros grec. C'est un périple qui nous mène jusqu'aux plus profonds replis de l'inconcient collectif.

Mais attention ! Avilion est tout sauf un livre évident. Déjà parce que, contrairement au premier opus du cycle, la notion de quête, propre à la Fantasy, est ici comme en pointillé. Même si La Forêt des Mythagos était loin de relever de la Fantasy balisée et bourrée de clichés, il est clair qu'Avilion nous fait perdre tous nos repères, nous lâche dans un monde étrange.  Passées les cinquante premières pages (en gros, cela correspond au petit résumé  qui débute cette chronique) nous nous retrouvons comme livrés à nous même. Car ce qui marque le plus à la lecture de ce roman, c'est le fatum qui pèse sur les personnages, l'inexorabilité de leur destin. Et, forcément, l'ambiance générale de ce livre, son atmosphère serait-on tenté de dire, s'en ressent.

Avilion est-il un roman pesant pour autant ? Non, mille fois non ! En effet, l'écriture magnifique de l'auteur est là pour donner, non pas une légèreté - malvenue à mon sens -, mais bien une aération qui amène de la profondeur à l'ensemble. Car s'il est bien un talent que l'on peut reconnaitre à Robert Holdstock, c'est son style. A mon goût personnel, je le rapproche de  celui de deux autres auteurs britanniques, Mary Gentle et Christopher Priest, tous deux publiés chez Lunes d'encre.

En résumé, Avilion est un livre magnifique qui, même s'il emmène ses lecteurs dans des méandres cruels et mordants, désenchantés aussi parfois, éclaire l'esprit de son lecteur.  Je suis heureux d'avoir lu ce livre, et je me suis déjà précipité pour acquérir le prochain, Lavondyss.

A signaler aussi la magnifique couverture de Guillaume Sorel, illustrateur voulu par l'auteur lui-même. 

Robert Holdstock nous manque.

note : IV

A.C. de Haenne

Commentaires

  1. Merci pour cette découverte. Ça donne bien envie de tenter l'aventure.

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    1. Comme je le dis dans ma chronique, vaut mieux quand même avoir lu le tout premier roman du cycle.

      En tout cas, heureux de t'avoir donné envie.

      A.C.

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  2. Je prends note, ça me ferait plaisir de retourner dans la forêt des Mythagos (d'autant plus que je n'avais pas autant aimé les autres romans du cycle que le premier).

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    1. Comme je le dis dans l'article, même si c'est la suite directe, même si on retrouve les mêmes personnages (plus d'autres), le même style magnifique de l'auteur, ce n'est pas le même livre. Et c'est tant mieux.

      Là encore, mes efforts sont récompensés si ta lecture t'a donné envie.

      A.C.

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  3. erratum (mais pas de mon fait) : la sortie est prévue pour le 15 mai, et non pas pour le 2.

    A.C.

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  4. Salut,

    Et bien moi j'attends de pied ferme de voir ce que tu auras pensé de Lavondyss. :)

    Aussenwelt

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    1. Pas tout de suite, mais c'est prévu. Alors, patiente...

      A.C.

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    2. Oh oui, je patienterai bien.
      En plus, je viens de voir que je radotais, je t'ai laissé le même commentaire sur l'article du premier tome. :q

      Auss.

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    3. Ce n'est pas du radotage, juste la preuve que tu es d'accord avec toi-même. Et c'est plutôt bien.

      A.C.

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  5. Il va falloir que je me procure les deux premiers volumes parus en Lunes d'Encre. Ça fait déjà pas mal de temps que je lorgne dessus, mais avec l'arrivée de ce troisième tome, il va vraiment falloir que je saute le pas, parce que tout ça donne très envie !

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    1. Je ne peux qu'être d'accord avec toi. Après, pour la lecture, faut insérer Avilion entre les deux...

      A.C.

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  6. Quel talent. Une page pour donner envie de lire, c'est une belle perf cam'rade.

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    1. Le plus beau compliment qu'on puisse me faire (le fait que je donne envie de lire un livre grâce à ma chronique, pas que je puisse avoir du talent...) !

      A.C.

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