Terre sans mal, de Martin Lessard

En 1337, au beau milieu de la forêt amazonienne, U'tal est un jeune Guaranni en butte aux traditions de sa tribu, dont il refuse la violence. Exilé volontaire, il va rencontrer Suasi et, ensemble, il tenteront de trouver la Terre sans mal... Malheureusement, son ami, attaqué par un jaguar, finira par mourir de ses blessures. De nouveau seul, U'tal fait une étrange rencontre...

En janvier 2088, sur Mars, les tensions entre les différentes nations qui ont colonisé Mars semblent encore monter d'un cran. Les USA veulent imposer leur hégémonie sur ce qu'ils considèrent comme leur propriété. Cependant, l'apparition d'un gigantesque vaisseau spatial dans le ciel martien pourrait très bien mettre tout le monde d'accord. D'autant que les Extraterrestres ont un marché à proposer à l'Humanité...

En commençant ma lecture du premier roman du Canadien Martin Lessard, c'est peu de dire que j'étais enthousiaste. Il faut bien dire que mes a priori étaient plutôt positifs ! Publié ici hors collection Lunes d'encre, mais tout de même sous la direction de Gilles Dumay (il avait relayé l'info à l'époque de sa sortie, sur son blog [c'est par ici...]), Terre sans mal a le principal intérêt de parler d'un thème qui, vous m'arrêterez si je me trompe, n'est pas si souvent traité dans la SF actuelle : la rencontre extraterrestre. Bon, en réalité, il s'agit-là d'un prétexte à nous parler de tout autre chose (comme souvent en Science-Fiction), mais n'anticipons pas.

La toute première partie, qui se déroule dans un lointain passé au coeur même de la forêt amazonienne, n'a pas grand rapport avec le pitch du roman ("Les extraterrestres arrivent. Ils ont un marché à nous proposer." ; on ne peut pas le louper, il est sur la couverture). On se doute bien qu'elle a tout de même son importance. Dès la page 55 s'ouvre la deuxième partie, sobrement intitulée "Les Guides", et là on sent qu'on va en avoir pour son argent. Et, effectivement, c'est très certainement la partie la plus réussie, tant la qualité de l'écriture de l'auteur plonge le lecteur dans ce futur qui n'est qu'un reflet de notre présent, mais en pire ! Ce que j'ai préféré, et de loin, c'est l'immersion que nous propose Martin Lessard dans cette base martienne vraiment très réussie. En plus, les hommages à la SF se multiplient (peut-être un peu trop ?). La base martienne a pour nom KSR (pour Kim Stanley Robinson, l'auteur de la fameuse "trilogie martienne", romans qui relataient dans le détail la terraformation de la planète rouge), les navettes transportant les passagers portent chacune le nom d'un des grands auteurs de la SF (Asimov, Bradbury, Clarke et Dick). Du grand art ! A tel point que je n'ai pas pu m'empêcher, en lisant cette partie, de penser à un autre auteur canadien, anglophone celui-là : Robert Charles Wilson.

Ensuite, avec l'"apparition" des extraterrestres (dont on ne verra au final que le vaisseau) et le marché qu'ils proposent aux habitants de la Terre, on a droit à une longue interrogation philosophico-politique pas inintéressante, mais qui tranche beaucoup trop avec la deuxième partie pour nous tenir jusqu'au bout en haleine. Cela reste bien écrit, le propos (que d'aucunes mauvaises langues qualifieraient de naïf ou bien-pensant) a le mérite d'être optimiste au sein d'un genre qui a tendance à nous dépeindre un futur pas toujours très rose. Mais ça pêche quand même par une baisse de rythme trop importante pour conserver notre intérêt  Dommage.

On rappellera juste qu'il s'agit là du tout premier roman de Martin Lessard, un auteur qui, si mes sources sont bonnes, risque de faire de nouveau parler de lui de ce côté-ci de l'Atlantique. A 20,50€ le ticket pour un dépaysement total et garanti, vous pouvez sans soucis tenter le pari.

note : III

A.C. de Haenne





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