L'Histrion, d'Ayerdhal

Aimlin (ou Aimline) tente d'oublier un passé douloureux fait d'engagement politique et de dévouement. Mais la politique a tôt fait de le rattraper, en la "personne" de Genesis, une créature-monde qui tente de fédérer l'humanité sous la bannière du Daym, sorte de contre-pouvoir face à l'hégémonie dictatorial de l'Empire. Mais l'Empereur tout-puissant est en train de mourir, bientôt remplacé par son petit-fils. Genesis veut donc faire d'Aimlin un Histrion, un rôle très important au sein du Daym. Mais Aimlin n'aspire qu'à une chose, être tranquille. Il parvient donc à fuir, redevenant Aimline... Car il/elle a un secret : el est un(e) sexomorphe...

illustration de Gilles Francescano
Voilà le tout premier roman que je lis d'Ayerdhal. Après plus de vingt ans de carrière, il était temps, me direz-vous. Oui, et c'est peu de dire que je regrette de ne pas m'être penché plus tôt sur le cas de cet auteur pour le moins attachant. Et fort sympathique dans la vraie vie. Mais n'anticipons pas.

Hommage déclaré à Frank Herbert (ce roman est sorti sept ans après la mort de l'auteur américain), L'Histrion est un plaidoyer pour la tolérance et l'individualisme (au sens stirnerien du terme, c'est-à-dire un anarchisme indivualiste ; à ne surtout pas confondre avec l'égoïsme). Pour ce qui est de l'hommage au créateur de Dune, il est plus qu'évident, même s'il n'est pas question là de planète entièrement recouverte d'un gigantesque désert et d'épice. Pour ce qui est des références les plus évidentes et transparentes (n'étant vraiment pas un spécialiste de Herbert, je me contenterais de la surface des choses), on peut juste signaler la présence d'un empereur sur-puissant (même si agonisant depuis très longtemps) et d'une caste uniquement composée de femmes, les Taj Rama, qui font très fortement penser à l'ordre des Bene Gesserit dans Dune. Ces deux entités ont une influence politique impressionnante. Une autre référence à Dune : à chaque début de chapitre, on a droit à un petit texte de Genesis, la planète pensante. Cela donne un discours méta-textuel assez éclairant.

Jeux de pouvoirs, intrigues, changements de sexes et retournements de situations font de cet Histrion un roman excellent. En plus, comme c'est vraiment très bien écrit, cela ne gâche rien au plaisir qu'on prend au long des 384 pages qui le composent. Voilà une bonne porte d'entrée dans l'oeuvre d'Ayerdhal. C'était le premier que je lisais de lui, ce ne sera pas le dernier.

L'Histrion - 384 pages - D.L. : novembre 1993

note : III

A.C. de Haenne



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