Mémoires d'un avaleur de sabres (Stay Right Up !), par Daniel P. Mannix

Le jeune Dan Mannix est passionné par les arts magiques et rêve de découvrir de la vraie magie. Juste après ses études, il rejoint une troupe de forains qui sillonnent les Etats-Unis. En quelques mois d'un travail acharné, il devient cracheur de feu, puis avaleur de sabres et de néons. Comme il veut approfondir encore ses techniques, il tente d'être fakir, puis roi de l'évasion et enfin télépathe. Au bout d'une saison entière, le sideshow n'aura plus de secret pour lui...

illustration de Claire Dubois-Montreynaud
C'est peu de dire que les mondes du freakshow et du sideshow (c'est grâce à ce roman que je sais à présent faire la différence entre ces deux disciplines tout à fait complémentaires) me fascinent autant qu'ils me passionnent. C'est peu de dire que des films comme Freaks (La parade monstrueuse) (Tod Browning, 1932) ou Elephant Man (David Lynch, 1980) ont forgé dans mon esprit un imaginaire particulier, totalement décalé, entre fascination et répulsion. J'ai retrouvé dans une série comme Carnivale (La Caravane de l'étrange en V.F.) ou dans le magnifique roman de Xavier Mauméjean, Lilliputia, le même esprit de la monstruosité qui sommeille en nous mais qu'il faut apprendre à accepter en vivant avec ceux qui nous sont différents. Bref, ce bouquin était fait pour moi et je l'ai avalé avec avidité, comme une énorme barbe à papa à la fête foraine.

Sauf que contrairement à tous les exemples de fiction citées plus haut (et en particulier La Caravane de l'étrange qui se situe presque à la même époque, à quinze ou vingt ans près, le fantastique en plus), dans Mémoires d'un avaleur de sabre tout est vrai. Certes totalement romancée, ce livre n'est rien d'autre que la vie d'un jeune homme fasciné par la magie et qui va jusqu'au bout de sa passion. Et qui se rend compte qu'un avaleur de sabres avale vraiment des sabres qui peuvent lui perforer l'estomac. Et des néons, qui peuvent lui exploser à l'intérieur du ventre. Alors, même si l'intrigue reste d'un bout à l'autre de ce livre très linéaire, le lecteur se trouve accroché dès le début. Tout le talent de Mannix réside dans sa plume splendide, quoique assez simple, sans ornementation. Il décrit à merveille ses séances d'entrainement, ses spectacles, ses doutes, etc. A tel point que lorsqu'il décide d'être fakir et de se planter des clous (plus ou moins rouillés) dans la peau, j'en frissonnais à la lecture. Ben oui, je suis hyper-sensible aux aiguilles... Quel soulagement quand, au bout d'une dizaine de pages seulement, notre héros décide que cette partie-là du sideshow n'est pas pour lui et qu'il passe tout à fait à autre chose !

Bref, un livre somme toute assez court (moins de 300 pages) qui relève plus du témoignage que du réel roman épique, fantastique ou science-fictif habituel. Mais je suis très heureux d'avoir cassé mes habitudes de lectures car je suis entré dans ces Mémoires d'un avaleur de sabres avec un réel plaisir. Et même si tout est vrai (du moins peut-on l'envisager comme tel), une légère touche de magie plane quand même sur ce bouquin. 

Un bonheur de lecture que je conseille à tous !

Mémoires d'un avaleur de sabres (Step Right Up ! - 1951) - Les Fondeurs de Briques - 304 pages - 21€ - .L. : mars 2011 - Trad. : Jeanne Toulouse & Nicolas Vidalenc.

note : IV

A.C. de Haenne

J'ai eu la très grande chance qu'on me prête ce bouquin (un grand merci à Julien !). Vous n'aurez peut-être pas cette chance alors je vous invite à aller faire un tour sur le site de l'éditeur au si joli nom, Les Fondeurs de Briques.


Commentaires

  1. Quelle histoire ! Comme souvent, la réalité dépasse la fiction...

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    1. C'est exactement ça. Ça serait moins crédible si c'était un roman "pur". Visiblement, ce Dan Mannix a eu une vie bigger than life...

      A.C.

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