2001, l'Odyssée de l'espace

A l'aube de l'Humanité, deux tribus pré-humaines s'affrontent autour du point d'eau. Mais l'apparition d'un fort étrange monolithe noir va bouleverser les capacités de compréhension du chef d'une des deux tribus. Celui-ci prend alors conscience que l'os d'un animal peut servir à tuer, d'abord pour chasser et ainsi se nourrir, puis pour détruire la vie de l'adversaire...

2001 : a Space Odyssey (1968, 2h19), film américano-britannique de Stanley Kubrick, avec Daniel Richter, Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Douglas Rain...

Programmé à l'occasion des premières Culturiales qui ont eu lieu à la fin du mois de juillet 2014, c'était pour moi l'occasion de voir enfin 2001 : A Space Odyssey sur grand écran. Et, last but not least, grâce au débat qui s'en est suivi, de comprendre quelque chose à ce que d'aucuns considèrent comme un chef d'oeuvre.

Basé sur une nouvelle de l'auteur britannique de science-fiction Arthur C. Clarke, La Sentinelle, le scénario de ce film a conjointement été écrit par ce dernier et Kubrick lui-même (Clarke écrivait en parallèle le roman qui sortira l'année suivante). Ce qui fait qu'il existe quelques différences entre les versions filmées et écrites, notamment cette idée de monolithe noir qui se trouve être un cristal dans le bouquin.

Stanley Kubrick aimait se confronter aux films de genre. Après les films de guerre et le film noir, il voulait se lancer dans la science-fiction. Mais, fidèle à lui-même, il ne voulait pas réaliser un long-métrage de SF comme les années 50 et 60 en ont montré tant. Il désirait débarrasser le genre de toute la quincaillerie un peu ringarde et des clichés vus et revus. En collaborant avec un auteur reconnu qui était aussi un scientifique, c'était aussi un moyen pour Kubrick de ne rien laisser au hasard. Comme d'habitude pourrait-on dire. Les thèmes importants abordés dans ce film sont, entre autres, l'évolution, l'intelligence artificielle ou la vie extra-terrestre. C'est peu de dire que les trouvailles de Kubrick (monolithe noir, ordinateur HAL 9000) ont durablement marqué la culture populaire et que le cinéma de SF a, par la suite, été très largement influencé par ce film charnière.

En fin mélomane qu'il était, Kubrick a habillé son film d'une bande originale pour le moins marquante. C'est là encore une habitude chez lui.

Au final, 2001, l'Odyssée de l'espace demeure un film hermétique qui vaut comme un spectacle total. Trois-quart de ce long-métrage sont sans dialogue et le spectateur doit souvent faire un effort pour resté éveillé. Pourtant, c'est un film qui fait date, tant dans la SF que dans le cinéma en général. Comme son nom l'indique, Kubrick nous offre une odyssée spatiale que l'on ne peut pas classer dans le space opera. parce que, justement Pourtant, tous les space op' réalisés par la suite ont puisé à cette source.

note : III

A.C. de Haenne


Chronique spatiale réalisée à l'occasion du challenge Summer Star Wars II :




Commentaires

  1. Ouais, mais non.

    Le space opera, c'est, pour simplifier, un western ou du cape et épée de l'espace, où, dans le futur, on court de planète en planète d'empires galactiques, bons ou méchants, en luttant contre des ennemis et en rencontrant plein d'extraterrestres. 2001, c'est un film de SF qui n'a rien de tout ça. C'est pas de l'aventure échevelée, y a qu'une planète, qui est la nôtre, dans un futur qui l'est à peine, avec une technologie à peine supérieure à ce qu'on connaît en 1968.

    Il ne faut pas se laisser abuser par le mot "opera": ça ne désigne pas l'accompagnement musical (d'ailleurs, "2001" ne propose aucun air d'opéra); c'est quasiment un terme de dérision, comme dans soap opera (mélo à épisodes sans fin) ou, justement, horse opera (terme qui désignait, encore une fois par dérision, les feuilletons western à la radio). Ça désigne un machin souvent excessif et exacerbé, fréquemment stéréotypé, à l'occasion décliné en épisodes, qui sont autant d'arias.

    Un space opera, c'est "Les Rois des étoiles", "Flash Gordon", "Alien", Northwest Smith ou Dominique Flandry, ou "Star Wars". C'est vrouuuuuum, pan, pan! "2001", c'est de la SF sans étiquette vraiment marquée: de l'anticipation, pourquoi pas? Mais pas du space opera.

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    1. Oui, mais il y a quand même de l'espace, non ?

      A.C.

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    2. Personnellement, je ne pense pas que l'on puisse mettre l'étiquette "space opera" à cette oeuvre. C'est plutôt une odyssée spatiale, une aventure spatiale. Non ?

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    3. Oui, mais ça me permettait de caler cette chronique dans le Summer Star Wars. Lhisbei m'a dit qu'elle acceptait ce film dans l'acception la plus large du space opera.

      A.C.

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  2. ... "le monolithe noir qui se trouve être un cristal dans le bouquin" : tu es sûr de ça ???

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    1. Alors, j'ai peut-être extrapolé ma lecture en parlant de cristal, mais une chose est sûre, il n'est pas noir dans le roman de Clarke. "C'était un bloc rectangulaire, trois fois haut comme Guetteur de Lune mais assez étroit pour qu'il pût l'étreindre. Il était fait de quelque matériau absolument transparent et il n'était vraiment visible que lorsque le soleil luisait sur ses arêtes."

      C'est à la page 12 de la version J'ai Lu SF qui date de 1985. Sur la couverture, le monolithe est bien noir.

      A.C.

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    2. Ayant vu plusieurs fois le film et lu tout autant de fois le livre, cela me permet une bonne comparaison de l'oeuvre visuelle ou écrite, et je me dois d'apporter quelques précisions ;-)

      A propos du monolithe découvert sur la Terre, tu as raison.

      A propos du monolithe sur la Lune : « C’était un bloc de matière noire, dressé verticalement. Il mesurait à peu près trois mètres de hauteur et devait avoir un mètre cinquante de largeur. Pour Floyd, il avait l’apparence assez sinistre de quelque pierre tombale géante. Il était parfaitement symétrique et ses arrêtes étaient aiguës. Il était si noir qu’il semblait absorber la lumière. Nul détail n’apparaissait sur sa surface lisse. Il était impossible de dire s’il était fait de pierre, de métal, de plastique ou de quelque autre matériau. » (chapitre 11, p.90, Editions France Loisirs, 2000)

      Ce qui diffère ici entre le film et le livre est ceci : dans le livre, le premier monolithe découvert sur Terre par les hommes-singes est transparent. Alors que celui découvert bien plus tard sur la Lune par les hommes est noir (est-ce le même ?). Tandis que dans le film, il est noir dès le début.

      Voici donc une des différences entre le livre et le film, une parmi plusieurs autres...

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    3. Je dois confesser ici que je n'ai pas (encore) fini le roman...

      A.C.

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  3. Dans la nouvelle "La Sentinelle", il s'agit d'une pyramide de cristal haute comme deux hommes et ceinte d'un champ de force.

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    1. Donc, mon extrapolation du cristal n'était pas si erronée que ça. Merci scifictif pour cette précision. Ah, tiens, tu vas pouvoir me dire où on la trouve, justement, cette nouvelle...

      A.C.

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  4. Tu as le choix :

    http://www.noosfere.org/icarus/livres/EditionsLivre.asp?numitemsommaire=12009

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    1. Ah oui, quand même ! En tout cas, un grand merci ! (et quelle célérité !)

      A.C.

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  5. Si tu veux pousser tes investigations, sache aussi que sa nouvelle "Rencontre à l'aube"/ "A l'aube de l'histoire" a servi de base à la scène d'ouverture du film (et du roman, j'imagine, mais je ne saurai dire, je ne l'ai pas lu).

    Résumé (attention je spoile à donf') :
    Des explorateurs extraterrestres humanoïdes arrivent sur Terre à l'aube de l'humanité et entrent en contact avec l'un de nos lointains ancêtres.
    Ils décident de l'aider, de le guider pour accélérer la marche des siens vers la civilisation. Hélas, des nouvelles inquiétantes en provenance de leur planète d'origine leur imposant de rentrer chez eux de toute urgence, ils devront se contenter, à leur grand regret, de laisser à l'homme quelques outils pour faciliter sa survie et orienter son évolution.

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    1. Sauf que dans les film/livre, on ne voit pas du tout les extra-terrestres.

      A.C.

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  6. Oui, oui. Le duo Clarke/Kubrick fait fi de l'origine de l'artefact alien.

    Le moins que l'on puisse dire du film est qu'il fonctionne par ellipse.
    Ce qui le rend à peu près incompréhensible à qui ignore les tenants et aboutissants, soyons honnête.

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    1. Ah et je précise, dans "Rencontre à l'aube", il n'est pas question de monolithe ou de pyramide de cristal, hein. Juste d'outils.
      Clarke et Kubrick sont partis du matériau de ces 2 nouvelles qu'ils ont mixé pour en faire quelque chose d'autre.

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    2. Ici, "ellipse" relève de l'euphémisme. Comme je le dis en introduction à cette chronique, j'ai vu ce film à l'occasion des Culturiales, cet été. Et à l'issu du film, nous avions organisé un petit débat. Pour le lancer, j'ai posé la question : "Alors, qui a compris quelque chose". Tout le monde a ri, forcément. Mais, heureusement, l'un des spectateurs avait lu le roman, et a donné quelques explications, et le débat était lancé. Et j'ai enfin compris 2001, de Kubrick !

      A.C.

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  7. Je rejoins certains commentaires, pour moi, 2001, c’est vraiment l’archétype du récit hard science : pas de sons dans l’espace, des machines extrêmement réalistes pour l’époque (la NASA avait été consultée), et un rythme contemplatif à l’opposé de Star Wars… même si, pour tout vous avouer, je n’aime pas trop les étiquettes ;) Pour info, dans le film il y a l'ancêtre de «l' iPad », c’est dire combien ce long-métrage était visionnaire !

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    1. Mais on est bien d'accord, ce n'est pas un space opera comme "Star Wars" ou "Les gardiens de la galaxie" le sont. C'était vraiment pour que ça rentre dans le cadre du challenge...

      A.C.

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  8. Alors, voilà, pour mettre fin aux rumeurs les plus folles quant à ma santé mentale, j'ai édité cette chronique...

    A.C.

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  9. De mon point de vue, 2001 c'est tout ce que vous avez cité, space op' inclus (si si) mais c'est avant tout un trip mystique basé sur l'exploitation des théories fumeuses de l'époque, à savoir le néo-évhémérisme de l'archeologie fantastique (aussi appelée "Théorie des anciens astronautes") popularisée par le best-seller d'Erich von Däniken, "Présence des extra-terrestres", paru en 68.

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    1. Mais là, scifictif, tu vas trop loin dans tes références bibliographiques. Comment veux-tu qu'on suive, nous ?

      Blague à part, la théorie des anciens astronautes, ça me fait un peu penser à ce qu'on peut voir dans Prometheus, ou j'ai tout faux ?

      A.C.

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    2. Ah oui, l'ADN de l'ET à l'origine de la vie terrestre, c'est ça ?
      L'archéologie fantastique ne va pas si loin (juste que des ET ont visité nos ancêtres et ont laissé des artefacts style stonehenge, les pyramides, etc) mais ça relève de la même idée, oui.

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    3. Les pyramides de Stargate, par exemple ?

      A.C.

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  10. Pas grand souvenir de ce film mais des fictions basées sur ces théories fumeuses il doit y en avoir légion.
    J'aurai tendance à rire de tout ça mais quand je pense à la secte des raeliens, beaucoup moins.


    Tiens j'y pense, cette idée là, dans Prometheus, ça me rappelle une chouette nouvelle de Bester," Adam sans Eve".

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    1. Dans mes souvenirs (j'en ai revu un bout assez récemment, mais il était trop tard et n'ai pas pu le finir), outre ces portes de passages multi-dimensionnels (qui font penser aux portes des Vangk chères à L. Genefort (et à d'autres)), il y a cette thèse de races extra-terrestres qui seraient à l'origine des pyramides en Egypte.

      Ah mais tu continues avec ton avalanche de références biblio. ! (c'est une blague bien sûr, je suis toujours content de savoir que j'ai encore mille choses à apprendre et/ou à lire) C'est Alfred Bester, c'est ça (ben oui, je suis un peu un ignare en SF) ? Tu trouves cette nouvelle où ?

      A.C.

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  11. On est bien d'accord !

    Sinon, j'ai hésité à aller chercher par moi-même, comme un grand, mais je me suis dit que ce serait mieux de te laisser cette prérogative. En plus, si ça peut aussi aider les lecteurs de ce blog qui suivent nos échanges...

    A.C.

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