Les opéras de l'espace, par Laurent Genefort

Considéré par certains comme le plus grand chanteur lyrique de l'univers, l'incroyable divo Axelkhan perd sa voix. En réalité, son talent naturel pour le chant avait été artificiellement amélioré par les Yuweh, une étrange race extra-terrestre. Malheureusement, les biopuces implantées dans sa gorge sont tombées en panne. Il charge donc son intendant de retrouver les Yuweh, ce qui s'avère une mission impossible. Son incapacité à chanter ayant provoqué sa ruine, il décide donc de partir lui-même en quête de ces mystérieux extra-terrestres...

illustration d'Aurélien Police
C'est peu de dire que j'attendais avec impatience la ré-édition par Folio-SF de ce roman précédemment paru en 1996 ! Fidèle à lui-même, Laurent Genefort nous livre ici un magnifique roman de space opera qui s'inscrit dans son oeuvre globale (du moins pour son pendant science-fictionnesque), la Panstructure. Il est d'ailleurs fait allusion, au tout début de ce roman et à deux reprises, aux peaux-épaisses, qui se trouvent dans un autre livre de l'auteur, Les Peaux-épaisses justement (ce sera l'occasion d'une prochaine lecture et d'une chronique à suivre, bien sûr !)

S'il est un talent que l'on peut accorder à Laurent Genefort, c'est l'art de raconter des histoires. Et là encore, il met en oeuvre tout son savoir-faire pour nous emporter très loin de notre quotidien souvent morne et triste. Même si l'histoire commence mollement, à l'image de ce personnage principal, obèse et totalement imbu de lui-même. Un personnage antipathique s'il en est, qui va se transformer sous les yeux du lecteur sans que celui-ci ne se rende compte. C'est du moins l'impression que cette lecture m'a laissé. Parce que s'il est une règle d'or qu'un romancier doit suivre, c'est bien : "Show, don't tell" (Montre mais ne dit pas). A aucun moment l'auteur ne nous explique que son personnage est antipathique avec les autres. Il le montre tout simplement condescendant. Et, au fur et à mesure que le roman avance, on se surprend à aimer ce personnage qui se libère petit à petit de son complexe de supériorité. Pour ça, je trouve que Laurent Genefort est un auteur formidable. On est tellement pris par l'histoire qu'on ne voit même pas que le héros de l'histoire est en train de se transformer sous nos yeux, que d'une chenille il devient papillon.

Alors même si je ne suis pas sûr d'avoir totalement su visualiser l'univers que ma offert l'auteur, parce que c'est particulièrement dense et riche, je dois dire sans ambages que j'adhère. C'est une histoire échevelée qui sent bon les références à Jack Vance. De l'aventure, mais pas que. Des décors splendides et de la psychologie. Car le personnage principal n'est pas le seul à prendre de l'épaisseur tout au long de l'intrigue. D'autres protagonistes - des membres de la troupe de théâtre qu'Axelkahn forme pour atteindre son objectif - se joignent à lui et ne sont pas là juste comme faire-valoir, ni faire de la figuration. Alors, d'accord, certains ne sont pas mis en valeur. Mais ce livre ne fait que 400 pages. Mais ce sont 400 pages de pur bonheur.

Au final, même s'il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce magnifique Les opéras de l'espace, je n'en ajouterai pourtant qu'une seule : lisez-le ! Plus qu'une injonction, c'est un conseil d'ami. Si vous me suivez sur ce coup-là, je vous promets un très bon moment de lecture, tout en finesse et en émotions.

Les opéras de l'espace - Gallimard Folio SF - 416 pages - D.L. : février 2014


note : III

A.C. de Haenne

chronique lyriquement réalisée dans le cadre du challenge Summer Star Wars II



Commentaires

  1. Intéressant ! Est-ce volontairement un hommage très appuyé au "Space opera" de Jack Vance dont l'histoire semble avoir un lieu de parenté avec ce roman-ci (sans parler du titre) ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne saurais te répondre, vu que je ne n'ai pas lu "Space Opera" de Vance. Mais le style de l'écriture de L. Genefort m'a beaucoup fait pensé à l'auteur étasunien.

      A.C.

      Supprimer
  2. Très belle chronique ! Je viens moi-aussi de terminer la lecture de cet ouvrage et j'ai bien apprécié. Surtout le fait que le caractère du personnage principal évolue au gré des différents lieux qu'il visite. Et quel univers foisonnant ! Et pour répondre à la question : oui, je pense clairement que cet ouvrage est un clin d'oeil au roman de Jack Vance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton appréciation et merci pour ta précision.

      Sinon, si tu as aimé ce roman, je t'invite à continuer à lire du Laurent Genefort, c'est vraiment du tout bon ! (si ce n'est déjà fait, bien sûr)

      A.C.

      Supprimer
  3. Quel bel article ! Je pense que je vais me lire dans le même intervalle « les opéras de l’espace » et « space opera » du coup ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour ma part, tout Vance me donne envie, "Space Opera" aussi, forcément. Mais faut d'abord que je le trouve...

      (et merci pour l'appréciation de l'article)

      A.C.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire