Demain les chiens (City), par Clifford D. Simak

Après avoir abandonné les villes qu'ils trouvaient obsolètes et adopté un nouveau mode de vie à la campagne, les humains finissent par s'exiler loin de la Terre. Ils laissent alors la planète à la domination des chiens. En effet, ceux-ci ont acquis l'usage de la parole et c'est aidés de nombreux robots (pour les tâches quotidiennes) qu'ils conquièrent la planète bleue. Onze mille ans ont passé et une question demeure quand ils se racontent des histoires mettant en scène des hommes : ceux-ci ont-ils réellement existé ?


illustration de Flamidon d'après Shutterstock
Comment présenter un tel chef d'oeuvre sans tomber dans la redite ? Que dire de nouveau sur ce roman qui n'aurait pas déjà été dit, et en mieux par des gens bien plus compétents que moi ? Bon, déjà, qu'en fait de roman, il s'agit ici d'un fix up novel, cette forme un peu bâtarde de livre qui veut qu'à partir d'un recueil de nouvelles, l'auteur donne une cohésion au tout pour donner les atours du roman. Ainsi, les histoires s’enchaînent au fil d'un récit qui se déroule sur quelques milliers d'années, avec des liens parfois ténus. Comme cette fameuse famille d'humains, les Webster, dont l'un des ancêtres est le protagoniste principal d'une histoire, puis son descendant, un siècle après dans un autre récit. Ensuite, alors que les humains sont tous, ou presque, partis sur Jupiter, un des derniers représentants de cette famille importante en son temps est réveillé du sommeil artificiel dans lequel il s'était volontairement plongé. Réveillé par le robot qui a toujours servi les Webster, robot qui sera, bien plus tard, lui-même remis en fonctionnement par les chiens... Bref, un fil ténu mais qui existe bel et bien.

Demain les chiens est bien un roman sur la nostalgie, sur le regret de ce qui a été et n'est plus, sur la mélancolie que ces états entraînent. Dans City (c'est ainsi que s'intitule le premier conte en V.O., qui donne son titre original au présent livre), certains hommes sont nostalgiques des villes, même s'ils ont trouvé à la campagne (ayant passé une partie de sa jeunesse à la campagne, Simak est considéré par beaucoup comme un écrivain aux valeurs rustiques) le bonheur d'une vie harmonieuse. Et vers la fin du roman, ce sont les chiens qui regrettent les humains, tout en se demandant s'ils ont vraiment existé. Malgré tout, la lecture de Demain les chiens n'apporte aucune tristesse au lecteur. Bien au contraire, même si c'est loin d'être un livre comique, il donne beaucoup de plaisir de lecture. Un plaisir de l'ordre du contemplatif parce qu'avec ce roman, on est loin des aventures rocambolesques telles que la SF peut nous en offrir parfois. Non, là, chaque nouvelle est comme un tableau qui nous montre une vision de ce futur plus ou moins lointain. Et même si l'homme n'existe plus pour dominer la Terre, cela n'est pas perçu comme une catastrophe (à l'inverse du héros de La Planète des singes, de Pierre Boulle). Ici, si les chiens sont devenus l'espèce dominante, c'est bien parce que c'est ainsi que cela devait se passer. Parce que le monde nous est donné à voir par les yeux canins, et non par celui des humains.

Nouveaux Millénaires, la collection SF de J'ai Lu dirigée par Thibaud Eliroff, nous offre ici une nouvelle traduction (signée, de façon impeccable, par Pierre-Paul Durastanti alors que toutes les autres éditions nous proposaient celle de Jean Rosenthal, datant de 1952), ainsi qu'une édition augmentée d'une préface de l'éditeur (ça ne mange pas de pain), mais surtout d'appendices composés de note de l'auteur, d'un épilogue (non inédit), d'un avant-propos de Clifford D. Simak lui-même et, last but not least, d'une préface de l'auteur étasunien Robert Silverberg (datant de 1996). Bref, une édition revue et augmentée que tout amateur de science-fiction aurait bien tort de rater. Que ce soit pour le lecteur connaissant déjà le roman le plus connu de Clifford D. Simak et qui voudrait le relire dans cette nouvelle édition, ou celui qui aimerait le découvrir, je ne peux que les inviter à foncer dans une librairie pour l'acheter. D'autant qu'il ne coûte que 16€ ! D'accord, moi j'ai eu la chance de le gagner grâce à un concours organisé sur le blog La Prophétie des ânes... Mais quand même !

Un grand merci à Natacha Vas-Deyres pour son aide sur cette chronique !

Chronique réalisée à l'occasion du challenge Morwenna's List :



Demain les chiens (City) - J'ai Lu - collection Nouveaux Millénaires - traduction de Pierre-Paul Durastanti - 288 pages - 16€ - D.L. : août 2013

note : III

A.C. de Haenne







Commentaires

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  2. Héhé. La préface de l'éditeur (canin !) figurait déjà dans les parutions précédentes, mon bon. Merci pour l'appréciation de mon boulot !

    Par ailleurs, le bouquin ressort bientôt en poche. Ce printemps, dans mon souvenir.

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    1. Oui, c'est le problème d'écrire une chronique quelques mois après la lecture du bouquin. D'ailleurs, en le lisant, j'avais bien compris qu'il s'agissait d'une préface de l'éditeur à l'intérieur du roman, donc d'un chien. Ça m'apprendra à ne pas prendre de notes...

      Sinon, you're welcome pour l'appréciation. D'accord je n'ai pas lu la version originale, mais on voit quand même quand la traduction est mauvaise. Là, c'est sûr que ce n'est pas le cas.

      Je vais tenter de me tenir au courant et je partagerai l'info au moment de la sortie poche.

      A.C.

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  3. Pas encore lu. Il faut que je me le procure. L'ironie du sort de l’organiseur de concours c'est qu'il ne reçoit lui même pas les gains qu'il propose. Tu vends excellemment bien cette nouvelle édition. Et il est vrai que J'ai lu nouveaux millénairex offre de chouette livre assez abordable.
    Bref faut que je m'y penche et je note cette nouvelle chronique dans le Morwenna's List ^^

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    1. Il faut le lire ! Bon, si tu repasses par chez nous, je te le prête, si tu veux...

      Eh oui, ma deuxième participation sur douze prévues !

      A.C.

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  4. J'étais complètement passé à côté quand je l'ai lu, principalement parce que mes attentes ne correspondaient pas du tout au résultat. Il faudrait que je trouve la motivation de lui donner une seconde chance.

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    1. C'est sûr qu'il faut lui donner une deuxième chance ! Personnellement, j'ai évité de le lire en me disant que j'avais un chef d'oeuvre entre les mains, parce que ça biaise complètement la perception qu'on peut avoir d'une oeuvre. D'autant qu'il s'agit là du premier roman de Simak que je lis. Dur de savoir après s'il s'agit de son chef d'oeuvre, ou pas.

      A.C.

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    2. Ooooh, ça veut dire que tu n'as pas lu Au carrefour des étoiles ? Heureux homme, tu vas découvrir un truc. ;)

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    3. J'attends la nouvelle traduction... ;-)

      A.C.

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  5. Je l'ai dans cette nouvelle édition... mais ne l'ai pas encore lu. C'est appréciable de voir une édition de cette qualité, "définitive" avec épilogue, appendices, préface, postface, avant-propos, etc...

    J'ai un peu peur de ne pas accrocher complètement, je l'avoue, mais pour en être certain, il faut le lire. Ce que je ferai de toute façon avant la fin du challenge de Cornwall. :)

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    1. Oui, je ne peux que t'encourager. J'espère que cette chronique a pu te donner envie de t'y plonger. Moins de 300 pages, tu ne devrais pas avoir trop de mal à les avaler...

      A.C.

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  6. Il sort en poche, chez J'ai Lu bien sûr, le 8 avril, d'après le site de l'éditeur.

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    1. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui n'aurait pas eu la chance de le (re)lire dans cette nouvelle version !

      A.C.

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