Bifrost n°78 : Ursula K. Le Guin

Une fois n'est pas coutume, Olivier Girard, le rédacteur en chef de ma revue préférée, semble en panne d'inspiration. Ainsi cède-t-il la place à un certain Martinique Domel (le pseudo en forme de contrepet est transparent) pour un éditorial assez barré. Démarrant sur une référence erronée (à propos de l'héroïne de Morwenna), le texte est agréable et se laisse lire, même si le sens général m'a totalement échappé.

illustration de Anders Lazaret
Trois nouvelles sont ensuite au programme. C'est la grande dame à l'honneur de ce numéro qui ouvre le bal avec un texte relativement court, Ceux qui parlent d'Omélas. Récit court, certes, mais d'une forte densité qui nous parle d'un village qui vit dans l'allégresse et d'un enfant enfermé dans le noir. Je ne peux en dire plus, de peur de déflorer le nœud de l'histoire. Un beau texte, assurément. Ensuite, c'est à Laurent Genefort de nous offrir une nouvelle, beaucoup plus longue celle-là. Cet Ethfrag se situe dans le vaste cycle d'Omale, que l'auteur français construit avec brio depuis près de vingt ans. Cette nouvelle, écrite sous la forme d'un journal de bord (ou intime), nous narre les pensées "éthiques" d'un scientifique qui décide d'étudier les Hodgqins, une des rehs d'Omale. Mais la guerre entre ces derniers et les Hommes décide les militaires à se rendre maître du camp d'expérimentations, au grand dam du scientifique... Encore une fois, Laurent Genefort nous plonge dans le monde qu'il a créé, Omale. Il le fait ici avec un tel brio, sur un sujet vraiment pas facile qui nous ramène plus de soixante-dix ans en arrière avec les "scientifiques" Nazis dans les camps de la mort qui pensaient œuvrer pour le bien de l'humanité (sic !), qu'on sort assez bouleversé de notre lecture. Déboussolé, même. Enfin, c'est Ursula K. Le Guin qui nous revient avec une nouvelle encore plus courte que la première et, si c'est possible, encore plus dense. Le Mot de déliement, tel est son titre. Celle-ci est inédite et se situe dans l'une des sagas qu'elle a créées, le monde de Terremer. Un magicien du nom de Festin tente d'échapper à un ennemi mortel. Je vous laisse lire le texte si vous voulez savoir s'il y parvient... Aussi bref que précis, sans fioritures, encore une fois de la belle ouvrage.

En quarante-deux (!) pages bien remplies, on a droit à un petit tour d'horizon des sorties SFFF du moment. Comme à chaque fois, c'est aussi mordant que pertinent. On y parle d'ailleurs de Morwenna et le L'Âme de l'Empereur [chronique à venir très bientôt sur ce blog]. Ensuite, dans Paroles de libraire, Erwann Perchoc nous propose d'aller visiter Bédéciné, la librairie de Toulouse dont le rayon SF est tenu par la fort sympathique et pétulante Cathy Martin.

Ensuite, s'ouvre le dossier Ursula K. Le Guin. En soixante-cinq pages de travail basé sur une documentation fouillée, l'équipe de Bifrost nous brosse un portrait vraiment très intéressant de la grande dame de la SF et de la Fantasy. Et même si elle écrit moins de fiction ces dernières années, Le Guin reste tout de même une écrivain incontournable. A 84 ans passés, elle semble avoir gardé toute sa lucidité sur le milieu de l'édition. Le discours qu'elle a prononcé à l'occasion d'une distinction prestigieuse qu'elle a reçue aux Etats-Unis en 2014 prouve, s'il en est besoin, qu'Ursula K. Le Guin est une grande dame autant qu'un excellent écrivain.
Bon, je dois avouer un peu piteusement n'avoir jamais rien lu d'elle (à part les deux nouvelles au sommaire de ce présent numéro) et qu'il est grand temps que je répare cette faute impardonnable !

Dans sa rubrique ScientiFiction, Roland Lehoucq (aidé de son comparse Sébastien Steyer) revient sur la Force, histoire de se remettre les idées au clair avant la sortie du septième opus de la saga Star Wars (Le Réveil de la Force, réalisé par JJ Abrams et qui sort chez nous en décembre 2015).

Enfin, Pierre-Paul Durastanti nous propose tout un panel de lectures (format poche), des fois qu'on ne saurait pas quoi lire... C'est vrai quoi !

Bref, encore une fois, l'équipe de Bifrost s'est démenée pour nous offrir un nouveau numéro plein d'érudition. Même si je connaissais forcément Le Guin de réputation, ma revue préférée m'a grandement donné envie d'en lire. Comme d'habitude, quoi !

note : III

A.C. de Haenne

chronique réalisée dans le cadre des challenges CRAAA  et Summer Star Wars III !






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