Lum'en, par Laurent Genefort

La colonisation de Garance par l'être humain semble se dérouler comme prévu, mais les perspectives d'avenir sur cette planète tellurique sont assez limitées. Jusqu'au jour où quelqu'un entreprend l'exploitation des arbres rouges qui recouvrent presque toute sa surface, riche en minerais, faisant la fortune de la DemeTer, la compagnie qui a permis la colonisation. Seulement, c'est sans compter qu'une forme de vie intelligente, les pilas, vit en osmose avec ces arbres...

illustration de Manchu
A la manière d'un Isaac Asimov et de son fameux roman fix up Fondation, Laurent Genefort développe ici un récit sur le long-court, qui se déroule sur plusieurs générations. Et comme l'auteur étasunien, il ne se concentre pas sur un personnage en particulier, à part peut-être la planète elle-même. Une planète qui recèle bien des mystères, que les êtres humains trop avides de profits ne sont pas capables d'appréhender.

Ici, deux nouvelles (sur les six au total) ont déjà été publiées en leur temps (mais sous d'autres titres). Ce livre se lit donc vraiment comme un roman, et non pas comme un recueil de nouvelles (oui, c'est le principe du fix up, mais cela me semblait important de préciser pour les gens rétifs aux nouvelles ; il y en a).

Ce petit livre (300 pages de lecture effective) est très riche. La richesse se situe sur les différents niveaux de lecture et de points de vue. On a la vision des petits êtres autochtones, les pilas, des sortes d'octopodes arboricoles qui communiquent entre eux grâce aux variations de couleurs de leur corps. On a bien sûr droit aux différentes péripéties des êtres humains qui, comme d'habitude, mettent en avant leur supériorité pour s'approprier une planète, sans se rendre compte des véritables trésors de celle-ci. Et, enfin, l'auteur nous offre aussi le point de vue de Lum'en, créature intersidérale et très mystérieuse condamnée à vivre enfermée à l'intérieur de Garance. Malgré quelques essais de communication avec l'espèce "dominante" de Garance, les interactions demeureront assez limitées.

L'écriture de Laurent Genefort est toujours aussi belle, claire et précise. En si peu de page, c'est assez impressionnant de découvrir un récit qui coure sur une aussi longue période (qui se compte en milliers d'années), montrant avec une subtilité propre à l'auteur français (que je considère à titre personnel comme l'un des tous meilleurs que nous ayons par ici) à quel point l'humanité représente peu de chose, et que ses enjeux (la capitalisme et le pouvoir) sont bien dérisoires à l'échelle cosmique. Paradoxalement, on pourrait justement reprocher à Genefort de faire trop court. Si on reprend la comparaison avec Fondation, où Asimov avait su donner beaucoup plus d'ampleur à l'une de ses oeuvres les plus connues sur une longue série de romans. Mais peut-être que Laurent Genefort prévoit-il aussi de développer le monde créé dans ce Lum'en car je dois bien avouer être resté sur ma faim. Qu'en est-il exactement de ce Lum'en, cette créature étrange ? Bien sûr, il y a de fortes chances que ce roman demeure un one shot car il ne se termine pas sur cliffhanger appelant une suite.

Voilà, malgré tout, j'ai énormément apprécié ma lecture de ce roman. D'autant que c'était en vacances, sur la plage. De très bons souvenirs en somme, de ceux que l'on conserve pour la vie !

A signaler que le présent Lum'en est prolongé d'une bibliographie pour le moins exhaustive. Elle a été mise à jour par rapport à celle parue dans le n°58 de la revue Bifrost, numéro consacré comme il se doit à Laurent Genefort.

Lum'en - Le Bélial' - 320 pages - 19€ - D.L. : avril 2015

note : III

A lire aussi les chroniques chez les blogo-potes : Un papillon dans la Lune, La Prophétie des Ânes, Lorhkan, Les Naufragés volontaires

Commentaires

  1. J'ignorais qu'il s'agissait d'un fix up.
    Ca m'intéresse d'autant plus, du coup.
    Merci !

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    Réponses
    1. You're welcome, Dude !

      Je l'ignorais moi-même jusqu'à ce que je travaille (un peu) cette chronique (oui, ça m'arrive quand même). Heureux que cette précision te sied !

      A.C.

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