Isolation (Quarantine), par Greg Egan

Nick Stavrianos vit dans l'Australie de 2067, trente-trois ans après le Jour de la Bulle, le moment où le système solaire a été recouvert d'une membrane qui l'a isolé du reste de l'univers. Ancien inspecteur, Nick a quitté la police après le décès violent de sa femme Karen. Devenu détective privé, il vient d'être embauché par un employeur resté anonyme pour enquêter sur la disparition mystérieuse de Laura Andrews. Il va vite découvrir que cette femme, atteinte d'un retard mental, a déjà tenté par deux fois de sortir de l'Institut Hilgemann, un hôpital psychiatrique ultra-sécurisé où elle était jusqu'ici en résidence...

illustration de Manchu
Malgré les apparences (titre court, couverture de Manchu, pitch assez banal), ce roman de Greg Egan est loin d'être simple. Parce que cette première partie d'histoire va vite se transformer (muter ?) en tout autre chose, c'est déjà une manière pour l'auteur Australien de dérouter le lecteur. Ensuite, l'arrivée de notions de physique quantique va ajouter une couche de complexité à la lecture. En effet, étant une accumulation de strates que le lecteur devra découvrir au fur et à mesure de son "parcours initiatique", Isolation est un roman qui se mérite.

Mais attention, quand je dis que cette lecture est complexe, je ne dis pas qu'elle est hermétique. Bien au contraire, et c'est là tout son paradoxe. Certes je ne conseillerais pas ce roman à un lecteur novice en Science-Fiction, mais pour n'importe quel amateur un peu motivé, il s'agit d'un livre tout à fait recommandable. N'étant pas un expert en cyberpunk (le sous-genre "popularisé" par Gibson et son Neuromancien), je ne pourrais dire si Egan fait preuve ici d'originalité. Cependant, le jargon qu'il utilise avec parcimonie m'a semblé tout à fait signifiant. Il imerge en douceur son lecteur dans un monde où les logiciels sont directement implantés dans le cerveau. A ce niveau-là, c'est une très grande réussite.

Ensuite, l'arrivée de notions de mécanique quantique a eu tendance à me perdre. Pourtant, ces idées sont exprimées avec des mots simples, facilement compréhensibles. Mais l'implication qu'elles ont dans le monde créé ici me sont quelque peu passé au-dessus de l'esprit. Malgré tout, comme le style de l'auteur (rendu je pense par une très bonne traduction) est fluide, le lecteur ne lache pas son bouquin. Pour ma part, je me suis accroché et je pense que j'ai bien fait. D'autant que je cherchais à comprendre les tenants et les aboutissants, me fourvoyant souvent dans les fausses pistes laissées par l'auteur. Après, les explications finales m'ont semblé convaincantes, même si, ayant décroché sur certains points, je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi.

Il n'empêche que ce roman relativement court (moins de 400 pages) m'a fait passé un très bon moment de lecture. Peut-être qu'un relecture me sera nécessaire, dans un futur où mon nouveau moi aura acquis assez d'expérience en matière de cyberpunk et, surtout, de physique quantique.

A noter que ce roman de Greg Egan est tout d'abord paru dans la collection Lunes d'encre, de chez Denoël.

Isolation, Le Livre de Poche, coll. Science-Fiction - traduction de Francis Lustman et Quarante-Deux - 384 pages - 6,95€ - D.L. : juin 2003

note : III

A.C. de Haenne

A signaler la très bonne chronique de l'ami Soleil Vert, où ce roman tient une grande part.

Commentaires

  1. "Si vous m'avez compris, c'est que je n'ai pas été assez clair" (dixit Richard Feynman, s'adressant aux étudiants de son cours de physique quantique).

    Comme ouvrage de vulgarisation grand publique, je te conseille vivement "Le cantique des quantiques : Le monde existe-t-il ?" de Sven Ortoli & Jean-Pierre Pharabod (dispo en poche).

    Des notions comme la superposition ou l'intrication sont juste hallucinantes (et destabilisantes).
    Vertige et frisson garantis.

    Une mine d'or pour les auteurs sf.

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    Réponses
    1. J'adore ce titre : "Le cantique des quantiques : Le monde existe-t-il ?"

      Oui, si je le trouve, va falloir que je m'y ploge...

      A.C.

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    2. Ayant découvert Greg Egan il y a un an ou deux j'ai particulièrement aimé les trois recueil de nouvelles,un vrai régal que je recommande vivement

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