Le pays de Cocagne (Take Back Plenty), par Colin Greenland

Coincée sur Mars, Tabatha Jute accumule les ennuis. A la suite d'une bagarre qui tourne mal, elle doit payer une lourde amende si elle ne veut pas se faire confisquer le "Alice Liddel", le vaisseau qu'elle pilote d'un bout à l'autre du système solaire. Séduite par un certain Marco Metz, elle accepte de l'emmener sur la station orbitale Cocagne, lui et sa bande d'artistes funambules. Mais il s'avère très vite que ce Marco est un plus beau parleur qu'il n'est bon payeur. Poursuivie par la police, les pirates et des extra-terrestres, elle risque aussi une avarie sévère de son vaisseau...

illustration de Patrice Giffard
Comme vous pouvez le constater avec ce petit résumé (du début, même si on dirait le résumé d'un livre entier), ce Le pays de Cocagne fourmille d'idées, parfois assez loufoques, mais qui fonctionnent toutes très bien. Parce que le but de Colin Greenland (un écrivain anglais pas très connu en France qui vit avec l'auteure elle aussi anglaise, Susanna Clarke, à qui l'on doit le très remarqué Jonathan Strange & M. Norrell) est de plonger son lecteur dans l'action, celui-ci vibre d'émotion en suivant les (mes)aventures de Tabatha Jute (à laquelle, je le confesse ici, une certaine Séléna Gyles doit beaucoup ; comprenne qui pourra !). Héroïne éminament sympathique, le capitaine du vaisseau-cargo est une femme forte au milieu d'un flot de testosterone. Elle se débat comme elle peut avec l'avalanche d'ennuis qui parfois la submerge et, pourtant, jamais elle ne baisse les bras.

J'ai vu à droite et à gauche des critiques qui trouvaient que ce roman peinait à satisfaire pleinement le lecteur car son action est poussive et qu'il est beaucoup trop long. Pourtant, moi j'y ai vu une belle histoire assez jubilatoire, menée à cent à l'heure, avec un personnage principal très humain (avec un sac qui la suit partout). Les dialogues entre Tabatha Jute et l'IA du vaisseau (Alice Liddel est bien sûr une référence à Lewis Caroll) sont aussi un point très intéressant car toujours bien trouvés, plein d'humour. Mais le ressort comique le plus réussi je trouve, c'est le suspense créé par les annonces répétées par le vaisseau des avaries sur le "cristal d'axe de crabot"! Pour comprendre cette assertion assez hermétique, je vous invite à lire le livre...

Au final, s'il est sûr que ce roman de space opera ne peut pas convenir à tout le monde (parce qu'il ne renouvelle pas le genre et qu'un lecteur avisé de ce sous-genre de la SF cherchera plutôt de la nouveauté), personnellement j'ai pris beaucoup de plaisir à sa lecture. Pour tout dire, j'ai littéralement avalé ce pavé de 600 pages bien tassées. Ce livre est une bonne découverte que je relirai sûrement un jour !

Le pays de Cocagne (Take Back Plenty) - J'ai Lu - traduction de Luc Carrissimo - 604 pages - Cat. O - D.L. : décembre 2001

note : III

A.C. de Haenne

Cette chronique a été rédigée juste à temps dans le cadre de trois challenges. Les deux premiers s'arrêtent d'ailleurs aujourd'hui même :





Et enfin, le Challenge ABC 2016, à la lettre G, comme Greenland :








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